Le Black Friday : après des débuts discrets, un phénomène qui prend de l’ampleur

Le Black Friday, cette journée de soldes exceptionnels introduite en France au début des années 2010, a connu une entrée timide dans l’Hexagone avant de connaître un succès retentissant… Et qui croît d’année en année.   

Dealabs, premier site de partage de bons plans de France, revient sur cinq ans de croissance de ce phénomène venu tout droit d’Outre-Atlantique, qui confirme que le commerce devient résolument social.

Pour démontrer l’importance croissante de ce « vendredi fou », les plateformes de commerce social sont un indicateur fiable et représentatif de ce que l’on retrouve dans les grandes enseignes. En effet, elles se font le miroir de ce que les consommateurs apprécient et de ce à quoi ils s’attendent en termes d’offres promotionnelles.

Depuis son introduction sur le marché français en 2011, comment le Black Friday a-t-il évolué ? Quels étaient les obstacles à que l’on connaît aujourd’hui et comment les marchands et consommateurs français ont accueilli ce phénomène venu tout droit d’Outre-Atlantique? Tour d’horizon d’un phénomène en pleine expansion.

Une entrée timide : 2011-2013

En 2011, le Black Friday faisait une timide entrée sur la scène française. Cette journée, importée directement des États-Unis par des acteurs majeurs du commerce américain, notamment Apple et Amazon, n’avait pourtant pas convaincu les consommateurs de l’Hexagone. Ainsi cette même année sur Dealabs, c’étaient seulement 249 offres que les internautes estimaient dignes de partage lors de cette troisième semaine de novembre, pourtant si chère aux shoppeurs d’Amérique. L’année suivante, le total des offres partagées montait à 380 offres sur la même période, une petite augmentation donc qui ne convainquait toujours pas les foules.  

De même, les internautes avaient peu d’intérêt pour l’aspect social des plateformes de partage de bons plans : on ne comptait qu’un total de 139 commentaires sur les offres partagées. Cependant, on note que l’année suivante voyait déjà les membres du site laisser quelque 4300 commentaires, permettant ainsi de juger de la popularité croissante du commerce social.

Plusieurs facteurs expliquent l’intérêt relatif des consommateurs pour ce jour : premièrement, ce jour était peu ou prou ancré dans la culture française[1] : le Black Friday est avant tout indissociable de Thanksgiving, célébration que la France a toujours, observée de loin, notamment à travers leurs séries télé et leurs inévitables épisodes spéciaux consacrés à cette fête. Ensuite, il s’agissait en 2011 d’un événement essentiellement online et qui se restreignait à quelques catégories de produits bien spécifiques, notamment le high-tech et l’audiovisuel. Les enseignes françaises étaient donc peu nombreuses à proposer des réductions vraiment intéressantes, laissant les bonnes affaires pour les périodes de soldes, l’autre facteur crucial qui explique les débuts discrets du Black Friday en France, dont la politique relative aux soldes est plus restrictive que dans d’autres pays, le Royaume-Uni ou l’Allemagne par exemple.

Dès 2012 cependant, les grandes enseignes françaises jouent le jeu : Auchan, Casino, la FNAC ou encore Darty se positionnent comme les marchands qui vont faire du Black Friday un événement suscitant l’intérêt croissant des consommateurs.

Le boom : 2014-2015

Sur les plateformes de commerce social en 2013, c’est ainsi une augmentation de 72,37 % que l’on observe sur les offres high-tech, de 85,71 % sur les offres services (voyage, transport, etc.), de 63,64 % dans les rayons mode, parmi bien d’autres, par rapport au Black Friday de l’année qui précédait. C’est ainsi un total de 909 offres promotionnelles qui sont postées sur Dealabs que l’on recense, montrant l’engouement des Français pour ce phénomène auparavant 100% américain. L’augmentation est d’autant plus nette en 2014 avec 1467 offres postées en une semaine, dont près de 67 % de plus pour la catégorie des services. Enfin, en 2015, on comptabilisait sur Dealabs plus de 2460 offres, dont 1440 étaient postées le jour même du Black Friday.

Une autre manière de témoigner de l’importance croissante du Black Friday est de se pencher sur l’évolution du nombre de commentaires laissés par les internautes : en 2013, 19 580 commentaires étaient laissés sur les offres, l’année suivante, ce chiffre doublait pratiquement avec 32 929 commentaires pour atteindre enfin, l’année dernière, le record de 75 700 commentaires.

Ainsi, entre 2013 et 2015, c’est une augmentation de moyenne de 30,07% du nombre d’avis, de conseils et de questions laissés pour les internautes, par les internautes et 43,73 % d’offres supplémentaires partagées. Entre 2011 et 2015, le nombre d’offres partagées a ainsi été multipliée par 10.

Comment interpréter ces chiffres ? S’il est indéniable que le Black Friday connaît un succès croissant, il est bon de préciser que cette multiplication fulgurante est également due au fait que les internautes souhaitent partager leur expérience et se tournent ainsi de plus en plus vers de la recherche d’astuces et de conseils auprès de leurs pairs.

Cette augmentation des commentaires dénote non seulement l’intérêt croissant des internautes pour le Black Friday mais également et surtout, leur expertise, qui s’aiguise d’année en année. Considérés par beaucoup comme anodins, les commentaires ont un impact non négligeable sur l’e-réputation d’une marque et de ses produits.  En effet, selon une étude de l’IFOP, 88% des internautes consultent l’avis des autres consommateurs, principalement sur les réseaux sociaux, avant la finalisation de l’achat.

En résumé, le Black Friday, véritable phénomène qui déclenche des paniques au pays de l’Oncle Sam et que l’on a pu regarder de loin avec un certain sourire en coin, devient de plus en plus légitime en France et séduit les consommateurs, qui y voient l’occasion parfaite pour entamer les achats de Noël.

Ce que l’évolution du Black Friday montre également, c’est que les modes de consommation et de communication changent, privilégiant l’aspect social du commerce.

[1] http://www.lsa-conso.fr/le-black-friday-bat-des-records-aux-etats-unis-mais-ne-decolle-pas-en-france,155473